Financement des startups : soigner les apparences et l’organisation

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startup-baker-tillyLe réseau Baker Tilly France a proposé le 16 novembre 2017 une conférence sur le thème du financement des startups. Un rappel bien utile des fondamentaux en la matière, avec également quelques « trucs et astuces » à l’attention notamment des conseils experts-comptables des startups.

Deux points de vigilance sont ressortis en particulier lors de la conférence sur le financement des startups, organisée par Baker Tilly France le 16 novembre 2017 : soigner la présentation comptable de l’entreprise et définir un parcours structuré de financement.

De l’importance du window dressing : « ce soir, je serai la plus belle » pour obtenir des financements !

Window dressing : le terme est assez sulfureux et généralement peu apprécié des professionnels du chiffre. Il recouvre néanmoins, selon les conférenciers de Baker Tilly France, une réalité incontournable pour toute start-up souhaitant emporter des financements.

Cette opération consiste à « rendre la mariée la plus belle possible » c’est-à-dire plus techniquement, mobiliser des artifices comptables – légaux – afin d’améliorer la présentation des états financiers de l’entreprise. Le but : faire entrer la structure dans les catégories souhaitées des financeurs et notamment, de Bpifrance laquelle est devenue presque « le guichet unique des startups ».

Cela pourra passer par de la production immobilisée afin de renforcer les fonds propres de l’entreprise, en activant par exemple tout ce qui relève de la R&D, un poste particulièrement central en matière de start-up. Une autre technique citée par les conférenciers Baker Tilly France, consiste à placer les subventions dans les quasi fonds propres à hauteur de l’aide accordée, même si son versement effectif n’est pas encore assuré.

Ces techniques, légales encore une fois, permettent de rendre l’entreprise « comptablement plus séduisante » auprès des financeurs. A cet égard, un point d’attention central a été rappelé par les conférenciers : surtout, ne jamais présenter de capitaux propres négatifs… notamment auprès de Bpifrance, dont on connaît l’importance et qui a priori n’ouvrira même pas le dossier dans cette hypothèse.

Structurer en amont le parcours de financement de la start-up

financement-start-upSi les apparences sont importantes en matière de financement des startups, l’organisation est également de mise !

Ainsi tout d’abord, dans le premier cycle de vie de l’entreprise, il convient de favoriser les sources non dilutives de financement, c’est-à-dire celles qui n’ont pas pour effet d’ouvrir le capital social à des tiers. A défaut, le risque adviendrait qu’au moment de lancer concrètement le produit ou service, les fondateurs de la start-up ne détiennent plus qu’une part très minoritaire au capital de celle-ci…

Au titre des financements non dilutifs, on compte notamment le love money (sauf prise de participation), les prêts d’honneur comme Scientipôle par exemple, les prêts bancaires, bien entendu les mécanismes proposés par Bpifrance, puis les différentes aides et subventions publiques telles que le crédit d’impôt recherche ou bien encore, le dispositif de la jeune entreprise innovante.

Cette première vague de financement va permettre de créer de la valeur en consolidant la propriété intellectuelle de la start-up (dépôt des brevets) et en démontrant progressivement que le produit ou service mis en avant par l’entreprise existe bel et bien, avec une certaine réponse du marché.

Il importe alors de définir et suivre une feuille de route du financement qui agrège à la fois les aides publiques, privées et bancaires, non dilutives. Cela permettra de créer des effets de levier afin de structurer le financement jusqu’à l’obtention des fameuses levées de fonds. Ces dernières requièrent en effet du temps, en moyenne entre 6 et 9 mois. Le fait de suivre un parcours de financement précis et défini en amont permettra d’anticiper la trajectoire de l’entreprise et de « tirer les bons tiroirs au bon moment » afin d’« acheter du temps » dans la perspective des levées de fonds.

Hugues Robert