Vidéo. Jean-Luc Flabeau : "On craint malheureusement pour la profession une concentration des acteurs du marché"

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Jean-Luc Flabeau, Président de la CRCC ParisArnaud Dumourier, Directeur de la Rédaction du Monde du Chiffre, a interviewé Jean-Luc Flabeau, Président de la CRCC Paris, afin d'évoquer la transposition de la réforme européenne de l'audit dans le droit français.

Interviewé par Le Monde du Chiffre, Jean-Luc Flabeau, Président de la CRCC Paris, a indiqué ses craintes sur la réforme de l'audit actuellement en voie de finalisation.

Sur la transposition en droit interne de la réforme européenne de l'audit

Pour le Président de la CRCC de Paris, le premier constat que l'on peut établir est qu'il y a un point positif : "la reconnaissance du co-commissaire aux comptes dans cette réforme de l'audit, puisque celui-ci sera désormais reconnu au niveau européen". Cependant, Jean-Luc Flabeau relève également des "points d'inquiétude", et ce notamment dans la rotation des auditeurs à laquelle sera ajoutée la rotation des cabinets. De même, il soulève des craintes face au système d'appels d'offres, ainsi que dans la notion de responsabilité finale du superviseur, c'est-à-dire du H3C.

Les conséquences sur la profession

Selon Jean-Luc Flabeau, "on peut s'attendre à des effets opposés; c'est-à-dire que l'on craint aujourd'hui, malheureusement pour la profession, une concentration des acteurs du marché. Concentration qui va se faire par la double rotation associé/cabinet, par les appels d'offres qui risquent d'être à l'avantage des gros cabinets, au détriment des petits et moyens. [...] Le rôle du H3C produira également des conséquences importantes avec l'application de la responsabilité finale. Cela veut dire que le H3C va avoir énormément de pouvoir dans : l'élaboration des normes, la maîtrise du contrôle qualité, toute la partie enquête et sanction; ce qui représente un très large pouvoir pour le superviseur."

Le Président de la CRCC Paris souligne que c'est finalement tout le paradigme de la profession qui va être modifié : "Avant la LSF du 2 août 2003, il y avait un autocontrôle de la profession. Entre 2003 et 2015, donc depuis douze ans, il y a eu un contrôle partagé de la profession entre la compagnie nationale et le H3C, ce qui fonctionnait plutôt bien. Aujourd'hui, on va avoir un contrôle de la profession quasi-exclusivement opéré par le H3C, avec des délégations possibles auprès de la compagnie nationale, des compagnies régionales, mais ces délégations resteront précaires."

Quelle serait la bonne réforme ?

Jean-Luc Flabeau estime qu'une bonne réforme de la profession serait une réforme qui tiendrait compte de tous les acteurs : "Les auditeurs, les entreprises et les commissaires aux comptes doivent retrouver de la responsabilité. Si le bon dosage n'est pas trouvé, on peut craindre que les commissaires aux comptes soient moins nombreux, que dans les grands cabinets d'audits les meilleurs talents se dirigent vers d'autres métiers que l'audit légal, mais aussi que la mise en place de sanctions importantes pour les membres des comités d'audit dissolvent ceux-ci. Pour que cette réforme soit favorable à tous, il faut qu'il y ait un bon dosage entre tous les acteurs."