ESEF : les entreprises françaises mûrissent leur dispositif pour dépasser l’obligation réglementaire

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Le groupe d'audit et de conseil Grant Thornton et le laboratoire de recherche en information d’entreprise Labrador Maverick ont diffusé les résultats de leur consultation publique adressée aux 500 sociétés françaises concernées par la mise en place du reporting ESEF (european single electronic format).

Applicable aux états financiers annuels ouverts à partir du 1er janvier 2020, les sociétés dont les titres financiers sont négociés sur un marché réglementé au sein de l'Union européenne devront publier, à compter de 2021, leur rapport financier sous ce nouveau format. Elément saillant de cette enquête, les émetteurs français ayant répondu ont une très bonne connaissance du sujet (88 %) et affichent un niveau de confiance significatif, estimant pour 79 % d’entre eux qu’ils n’auront aucune difficulté à être prêts l’année prochaine (ou en auront peu).

En cette première année, les répondants ont naturellement l’ambition de répondre au dispositif européen avec un dépôt au format XHTML intégrant l’IXBRL (74 %). Il est toutefois intéressant de noter qu’une large majorité souhaite aller plus loin et continuer, à titre d’exemple, à mettre à disposition des lecteurs un PDF ou un PDF interactif (76 %).

Sur le long terme, l’apport du dispositif fait débat. Pour les acteurs qui nourrissent une réflexion approfondie sur le dispositif, ils sont 33 % à voir dans ces nouveaux formats une opportunité pour améliorer les process d’élaboration de l’information à destination des investisseurs. Pour 39 % d’entre eux, l’objectif est même de maîtriser la production de ce nouveau format en interne, quitte à investir en formation et en technologie. En termes d’évolution du dispositif, 65 % des répondants pensent également qu’il serait utile d’élargir l’IXBRL à des indicateurs clés économiques et 45 % à des données RSE.

Les directions financières, comptables et de consolidation sont à la manœuvre en interne

Le niveau d’avancement est relativement équitable entre les entreprises qui ont déjà démarré le projet (55 %) et celles qui ont prévu de s’y mettre au cours du second semestre 2020 (43 %). Pour les plus avancées (17 %), les étapes de mapping et de création d’extensions sont réalisées.

Concernant l’élaboration, les fonctions financières et comptables de l’entreprise sont sollicitées majoritairement en leur qualité de « pilote » (respectivement 65 % et 62 %). Les directions des relations investisseurs, avec celles dédiées à l’informatique, sont quant à elles les principales « contributrices » (respectivement 63 % et 61 %).

Qu’ils soient donc pilotes ou acteurs, trois des principaux contributeurs à l’URD/RFA sont représentés. À noter que dans l’appréhension du sujet, les entreprises ont, pour 44 % d’entre elles, intégré à leur projet les compétences de leurs auditeurs, commissaires aux comptes ou conseils externes.

Dans la mise en œuvre de ce nouveau format européen, les émetteurs interrogés font le choix d’un accompagnement extérieur à une écrasante majorité (plus de 90 %). Ils sollicitent d’abord leur prestataire URD/RFA (40 %) puis des prestataires informatiques spécialisés ESEF/XBRL (33 %) et enfin leurs auditeurs (26 %). L’analyse montre que les principaux critères de choix des outils (ou des prestataires) sont des critères budgétaires (respectivement 51 % et 64 %) et de simplicité d’implémentation ou d’utilisation (50 %).

Anaïs de Lacharrière, Associée et Responsable Reporting et consolidation de Grant Thornton et Caroline Bautz, Directrice Groupe du pôle Conseil et communication réglementée de Labrador Maverick commentent d’une même voix : « Notre enquête permet de comprendre l’état d’avancement des sociétés françaises face à cette nouvelle obligation. Les réponses confirment que ce projet est en bonne voie et que la majorité des groupes en France sont mieux préparés que leurs homologues dans les autres pays européens. Désormais, il s’agit de faire de cette nouvelle obligation un levier créateur de valeur et en la matière, il est vrai qu’un champ des possibles s’ouvre. En interrogeant l’ensemble de leurs processus de production d’information financière, le rôle de chaque direction et les ressources technologiques existantes, les entreprises ont désormais la possibilité de bâtir une information plus accessible, comparable et interactive pour 2021 et au-delà. »