Trois ans après leur immatriculation, où en sont les auto-entrepreneurs ?

Etudes
Outils
TAILLE DU TEXTE

Dans une étude parue en mai 2016, l'Insee fait le bilan des auto-entrepreneurs trois ans après leur première immatriculation.

Insee

Dans son édition de mai 2016 d'Insee Première, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) analyse le devenir des auto-entrepreneurs 3 ans après leur immatriculation en 2010.

Elle constate que la mise en place en janvier 2009 du régime de l’auto-entrepreneur (requalifié micro-entrepreneur fin 2014) s’est aussitôt traduite par une forte augmentation du nombre de créations d’entreprises. En 2010, avec 360.000 immatriculations, ce régime représentait 58 % des créations de l’année, soit près de 80 % des nouvelles entreprises individuelles. En 2015, ces proportions ont diminué à 43 % et 63 % respectivement.
Sur les 191.000 auto-entrepreneurs inscrits au premier semestre 2010, champ de cette étude, beaucoup (38 %) n’ont jamais été actifs, car ils n’ont pas déclaré de chiffre d’affaires dans les deux années suivant leur immatriculation, délai légal au-delà duquel leur radiation a été prononcée. À l’inverse, 62 % ont effectivement démarré une activité. Souvent, à la différence des autres créateurs d’entreprises, ce démarrage a été différé par rapport à la date d’inscription : seuls 42 % des auto-entrepreneurs ayant débuté une activité l’ont fait dès le trimestre de leur immatriculation en 2010, 23 % ont attendu au moins deux trimestres et 9 % un an au moins.

Elle constate également que dans le commerce et la construction, où ont été enregistrées plus d’un tiers des immatriculations en 2010, nombreuses sont celles qui n’ont pas abouti : seulement 54 % et 59 % des auto-entrepreneurs établis dans ces deux secteurs ont démarré une activité. À l’opposé, plus de 75 % des inscrits dans l’enseignement ou la santé humaine-action sociale ont débuté une activité, mais ces deux secteurs rassemblent moins d’un dixième des immatriculations.
Tous secteurs confondus, les femmes démarrent plus fréquemment leur activité d’auto-entrepreneur que les hommes. Les chances de dégager un premier chiffre d’affaires augmentent aussi avec l’âge du créateur : alors qu’ils sont à l’initiative de près de 30 % des immatriculations, seulement 55 % des auto-entrepreneurs de moins de 30 ans débutent effectivement une activité, contre 71 % des 50 ans ou plus. Parmi ces derniers, qui forment 20 % des inscrits, un quart est retraité. Le démarrage de l’activité d’auto-entrepreneur peut être facilité par l’expérience acquise dans le métier et la disponibilité, permise notamment par l’absence d’une autre activité rémunérée.
Les auto-entrepreneurs qui ont reçu des conseils pour concevoir leur projet débutent plus souvent une activité que les plus isolés. De même, les auto-entrepreneurs qui ont bénéficié d’un dispositif d’aide à la création d’entreprise démarrent aussi plus fréquemment une activité que les autres. Enfin, le capital investi favorise le démarrage : 59 % des auto-entrepreneurs sans moyens initiaux commencent une activité économique contre 65 % pour les autres. Mais l’investissement initial reste modeste par rapport à celui des créations d’entreprises individuelles classiques ; il est même nul pour près de la moitié des auto-entrepreneurs.

De plus, trois ans après leur immatriculation au premier semestre 2010, seulement 30 % des inscrits sont encore actifs dans le régime d’auto-entrepreneur et moins de 2 % l’ont quitté au profit du régime général. En effet, parmi les 62 % d’auto-entrepreneurs ayant débuté une activité, près de la moitié (49 %) sont pérennes à trois ans. La pérennité à trois ans des auto-entrepreneurs est ainsi bien moindre que celle des créateurs individuels classiques de la même génération (62 %).

La pérennité à trois ans des auto-entrepreneurs est plus élevée lorsqu’ils ont démarré en activité principale (52 %) plutôt qu’en activité de complément (45 %). Cependant, au fil du temps, l’activité d’auto-entrepreneur tend à rester ou devenir une source de revenu complémentaire. En effet, parmi les auto-entrepreneurs ayant démarré, 54 % l’ont fait comme activité principale, sans exercer d’autre emploi rémunéré pour la quasi-totalité d’entre eux. Trois ans après, cette proportion passe à 59 %, du fait de la meilleure pérennité des auto-entrepreneurs en activité principale. Mais près d’un tiers l’ont convertie en une source de revenu complémentaire. Dans le même temps, quand ils sont encore actifs fin 2013, la plupart des auto-entrepreneurs ayant démarré une activité de complément en tirent toujours un revenu d’appoint. Globalement, fin 2013, l’activité d’auto-entrepreneur ne génère plus le principal revenu que pour 48 % des auto-entrepreneurs encore actifs.

Comme pour les créateurs individuels classiques, le secteur d’activité est le déterminant majeur de la pérennité des auto-entrepreneurs. Les deux secteurs les plus robustes, la santé humaine-action sociale et l’enseignement, sont d’ailleurs communs aux deux types de créateurs individuels. Pour les auto-entrepreneurs ayant démarré, la pérennité à trois ans y atteint respectivement 71 % et 56 %. Dans les arts, spectacles et activités récréatives, elle est de 55 %.

En revanche, la pérennité est moindre dans les trois secteurs où les immatriculations ont été les plus nombreuses en 2010. Ainsi, dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques, le commerce et la construction, respectivement 45 %, 46 % et 50 % des auto-entrepreneurs ayant démarré sont pérennes trois ans après leur immatriculation. La pérennité est également faible dans l’information-communication (43 %). Dans ce secteur, comme dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques, la réponse à une opportunité ponctuelle est plus fréquente qu’ailleurs et peut expliquer en partie une durée de vie plus courte. Pour les créateurs individuels ordinaires, la pérennité est également parmi les plus faibles dans l’information-communication, le commerce et la construction.

Comme pour le démarrage, les chances de pérennité à trois ans d’un auto-entrepreneur augmentent avec son âge : elles passent de 40 % avant 30 ans à 55 % au-delà de 50 ans. Toutes choses égales par ailleurs, une fois l’activité démarrée, un auto-entrepreneur de 50 ans ou plus a ainsi deux fois plus de chances d’être pérenne à trois ans qu’un auto-entrepreneur de moins de 30 ans. Pour les entreprises individuelles classiques, les chances d’être pérenne sont les plus fortes quand le créateur a entre 30 et 39 ans.
Par ailleurs, les entreprises créées par des hommes, sous le régime de l’auto-entrepreneur ou le régime classique, sont un peu plus souvent pérennes à trois ans que celles créées par des femmes.
Enfin, si le niveau de diplôme et le capital investi sont des déterminants du démarrage, ces deux facteurs jouent peu sur la pérennité des auto-entrepreneurs, alors qu’ils favorisent largement celle des créateurs individuels classiques.

Enfin,les auto-entrepreneurs dégagent un chiffre d’affaires beaucoup plus faible que celui des créateurs individuels classiques. Les auto-entrepreneurs toujours actifs fin 2013 déclarent en moyenne 10.000 euros en 2012. Les trois quarts d’entre eux réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 15.000 euros ; seulement 14 % des créateurs individuels classiques sont dans ce cas.
Quand l’activité d’auto-entrepreneur constitue une source de revenu complémentaire, le chiffre d’affaires de 2012 est en moyenne de 8.000 euros ; il est inférieur à 5.000 euros pour 56 % d’entre eux. Si elle forme la principale source de revenu, le chiffre d’affaires est en moyenne plus élevé, à hauteur de 13 000 euros en 2012. Il dépasse 5.000 euros dans 65 % des cas.

Les Annuaires du Monde du Chiffre