Franck Parker : « Nous souhaitons passer d’un métier du chiffre à un métier du lien »

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franck-parker-excoFranck Parker, Directeur Général du réseau d’expertise comptable et d’audit Exco, a accepté de répondre aux questions du Monde du Chiffre. Il exprime son point de vue sur la stratégie du groupe et sur d’autres questions au cœur des préoccupations des professionnels du chiffre : le conseil, le digital, l’économie émergente…

Qu’est-ce qui fait selon vous l’identité, la particularité du groupe Exco par rapport à la concurrence ?

La marque Exco est très historique, elle a plus de 35 ans. Nous faisons partie des acteurs majeurs sur la scène nationale de l’expertise comptable et de l’audit.

La caractéristique d’Exco est qu’il s’agit d’un réseau de cabinets dirigés par des entrepreneurs qui sont propriétaires de leur structure. Chaque région du territoire est constituée d’un acteur majeur avec un certain nombre de satellites, de cabinets présents autour.

Le réseau Exco correspond à un système de holding inversé sur le modèle par exemple des centres Leclerc. L’identité de marque est ainsi extrêmement forte et s’accompagne d’une volonté de marquer le territoire. Exco présente une vraie caractéristique territoriale. Par exemple, nous n’avons pas de disproportion Paris-Province par différence avec d’autres réseaux comme les Big Four.

Notre signature « Exco, Fertiliseurs d’Entreprises » est sans doute l’identité forte du réseau. Cette marque est fondée sur l’émotionnel, l’humain pour passer – et c’est notre leitmotiv – d’un métier du chiffre à un métier du lien. Les idées de proximité, de lien humain et de territoire sont au centre de notre marque.

Exco communique en ce moment sur un nouveau positionnement stratégique du réseau afin de mieux répondre aux attentes des chefs d’entreprise, en quoi consiste cette évolution ?

Nous cherchons à changer nos relations avec les chefs d’entreprise. Ces rapports étaient historiquement fondés sur une expertise autour du chiffre. Nous souhaitons évoluer vers des liens plus étroitement fondés sur l’humain, l’accompagnement, la compréhension des attentes et des besoins de nos clients.

Cela ne signifie pas que nous abandonnons la partie « chiffre ». Mais nous sommes dans un monde en pleine digitalisation, nos métiers sont concernés au premier chef dès lors qu’ils traitent du flux, lequel est de plus en plus digitalisé. L’ensemble des traitements comptables sont en train d’être automatisés pour permettre des restitutions de plus en plus intelligentes auprès de nos clients. La relation devient donc beaucoup plus prédictive et proche de la gestion. Cela constitue un vrai positionnement d’Exco par rapport au monde dans lequel nous sommes, un positionnement fort fondé sur une relation plus humaine.

L’autre axe développé par le réseau est la fertilisation des territoires, par implication dans le tissu économique local auprès des entreprises qui font l’économie de nos régions. Encore une fois, cet aspect territorial est absolument essentiel chez Exco.

La thématique du conseil est mise en avant par l’Ordre des experts-comptables. Quel est le positionnement d’Exco à cet égard ?

La thématique du conseil qui est mise en avant par l’Ordre, est assez cyclique. Depuis les vingt dernières années, ce thème revient régulièrement sur le devant de la scène au gré, soit des problématiques conjoncturelles, soit des grands changements qui affectent la profession.

Incontestablement, nos métiers sont aujourd’hui affectés par la problématique de la digitalisation. Le groupe Exco a pris en main cette question depuis maintenant deux ans. La digitalisation signifie le remplacement d’un certain nombre de services par de l’automatisation, mais également l’apparition de nouveaux acteurs sur la place, avec notamment des « pure players » de la comptabilité en ligne.

Chaque fois que la profession se sent concernée ou vulnérable par rapport à une évolution conjoncturelle ou structurelle, elle ressort ce spectre enchanteur de l’activité de conseil.

Et elle a raison de le faire car le conseil est perçu incontestablement comme un positionnement valorisant et comme un relai de croissance intéressant pour les cabinets d’expertise comptable. Le groupe Exco n’est pas écarté de cette position, bien entendu. Les activités de conseil font partie de notre « core business ». La transformation digitale que nous avons entamée il y a deux ans, fait que nous avons évidemment réfléchi sur l’évolution de notre métier. Dès lors que s’introduisait cette grande variable du numérique, nous nous sommes demandés quelle intelligence mettre derrière pour pouvoir accompagner les chefs d’entreprises clients du réseau. Autrement dit, comment mieux utiliser le temps des collaborateurs, dès lors que certaines tâches sont automatisées ?

Ne craignez-vous pas que cette montée en puissance du digital – que le réseau Exco semble avoir bien anticipé et parfaitement assumé – ne vienne mettre en cause un autre aspect de votre positionnement, à savoir la mise en avant du lien humain avec les chefs d’entreprise. Comment concilier, autrement dit, le numérique avec le développement de la relation humaine ?

Cette conciliation s’effectue à travers la formalisation même de l’offre d’Exco auprès de nos clients. Cette offre est structurée autour de trois concepts indissociables : une solution digitale complète tout d’abord, accompagnée d’un lien étroit, de proximité avec l’expert-comptable – nous revendiquons à cet égard la possibilité d’être à moins d’une heure de n’importe quel client sur tout le territoire et d’être présent quand il en a besoin – et enfin, troisième pilier : l’expert-comptable dispose d’un écosystème (des banquiers, des financeurs, des avocats…) autour de lui, dont il peut faire bénéficier son client.

EXCO revendique une participation active à l’économie émergente. Comment se traduit concrètement cette participation ?

Tous les cabinets d’expertise comptable revendiquent la possibilité d’accompagner des startups. Mais en plus, nous avons mis en place une approche auprès des tiers lieux (les incubateurs, les accélérateurs, les villages…) qui va au-delà du simple partenariat et qui repose sur trois éléments.

Tout d’abord, l’immersion : des collaborateurs sont ainsi immergés dans les locaux même de l’incubateur, ce qui permet aux startups hébergées d’avoir un expert-comptable à disposition dans le tiers lieu. Ensuite, l’animation : nous proposons des animations au sein des incubateurs, des présentations récurrentes sur des thématiques liées à la création et au développement de l’entreprise. Et enfin, l’offre spécifique pour chaque tiers lieu : les offres sont ainsi adaptées à la capacité contributive des entreprises hébergées. Nous avons mis en place cette démarche par exemple avec le réseau d’espaces de travail WeWork.

Propos recueillis par Hugues Robert

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