Transition numérique : avocats et experts-comptables n’ont pas tout à fait la même approche

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Mercredi 2 octobre 2019 se sont tenues les Matinales de l’ACPI (association des conseils en propriété industrielle) sur le thème du numérique et de l’IA : quelles opportunités et quels risques pour les métiers du droit et du chiffre ? Plusieurs professionnels ont exposé leur point de vue sur la question, dont l’avocate Christiane Féral-Schuhl, Présidente du Conseil national des barreaux, et l’expert-comptable Denis Barbarossa, à la tête du syndicat IFEC.

La transition digitale engage de profonds bouleversements dans les métiers du droit et du chiffre : avocats, notaires, conseils en propriété industrielle, huissiers de justice, experts-comptables… Les pratiques évoluent, de même que les outils, et le marché lui-même, avec l’émergence de nouveaux acteurs comme les fameuses legaltech. Les Matinales de l’ACPI, qui se sont déroulées le 2 octobre 2019, ont été l’occasion de revenir sur ce « phénomène numérique » avec une mise en perspective entre droit et chiffre.

Côté droit : accompagner le digital mais en posant certaines limites

Selon Christiane Féral-Schuhl, Présidente du CNB, « les avocats ont complètement intégré la dématérialisation ». Certains dispositifs imposés comme le RPVA (réseau privé virtuel des avocats) ont d’ailleurs rendu la migration incontournable.

Mais « la question pour nous, au Conseil national des barreaux, est toujours d’accompagner cette évolution tout en fixant les limites dans le respect de nos règles déontologiques » précise l’avocate, avant de poursuivre : « Nous restons une profession réglementée, ce qui implique des garanties données aux justiciables. »

C’est pourquoi, par exemple, même si le CNB accueille le numérique et développe actuellement un module de visio-conférence pour les relations entre avocats, ces derniers sont néanmoins « vent debout contre la vidéo-audience car elle risque de tuer l’unicité du procès » selon Christiane Féral-Schuhl. « Lorsque l’on doit auditionner un prévenu ou bien avoir une audience avec un juge d’instruction, il est important que l’on ne soit pas derrière un écran glacé et que cette part d’humanité dans la justice, on ne la perde pas » déclare-t-elle.

Tout est donc question de curseur pour les avocats : oui à l’innovation bien entendu, mais attention à la valeur justice et à sa dimension irréductiblement humaine.

Côté chiffre : avancer résolument sur le numérique pour monter en gamme

Du point de vue des experts-comptables, la révolution digitale soulève des enjeux passablement distincts. Car le numérique constitue dans leur cas une épée de Damoclès sans doute plus prégnante : « 40 % de nos tâches sont largement automatisables » souligne le Président de l’IFEC Denis Barborassa. Le diagnostic est ainsi largement partagé : les cabinets qui ne procéderont pas à leur digitalisation auront du mal à survivre…

Les experts-comptables semblent aujourd’hui presque dos au mur, condamnés à une fuite en avant… C’est pourquoi, puisque la contrainte apparaît bien lourde, autant la vivre comme une belle opportunité !

« L’objectif numéro un de la profession est que grâce à l’automatisation, on accélère la phase de production pour être beaucoup plus en phase avec nos clients » déclare ainsi Denis Barbarossa. Il s’agit de dégager du temps via le digital pour proposer aux entrepreneurs des services à plus forte ajoutée – le fameux conseil – et marquer une différence sur le marché. Le numérique est également perçu comme une manière de développer l’attractivité de la profession.

Aussi côté chiffre, l’urgence de réagir et l’enthousiasme de monter en gamme semblent prendre le pas sur l’idée de poser des limites, même si la profession – également réglementée – soulève une dimension humaine et déontologique incontournable. Les experts-comptables apparaissent résolument ouverts à la transition digitale !

Hugues Robert (@HuguesRob)

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