L’an 2045, le centenaire de l’Ordre des experts-comptables

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janin-audasTribune de Janin Audas, expert-comptable honoraire, commissaire aux comptes.

 

Nous sommes le 19 septembre 2045, l’Ordre a organisé son congrès, afin de célébrer le centenaire de sa création. Dans le grand hall de la tour du triangle de la porte de Versailles, la présidente prend la parole pour la plénière d’ouverture en présence du Premier ministre, du Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, du Garde des Sceaux et du Ministre des entreprises et du travail ; certains ministères ayant été regroupés.

Après les remerciements d’usage, la Présidente de  « l’Ordre des Experts-conseils » souhaite revenir sur l’évolution de la profession de ces trente dernières années. Elle rappelle qu’en 2015, alors qu’elle était stagiaire, elle avait assisté au 70e congrès, au Palais des congrès de la porte Maillot, dont le thème était « l’expert-comptable numérique », congrès qui avait pour ambition de faire entrer les cabinets dans l’ère du big data. Elle se souvient que le président de l’époque, Philippe Arraou, avait déclaré lors de l’ouverture de ce congrès que « l’expert-comptable numérique, ce n’est pas l’expert- comptable du futur mais le professionnel d’aujourd’hui ». Cela l’avait enthousiasmé et convaincu que la profession d’expert-comptable était en pleine mutation, comme l’était l’ensemble de l’économie des pays du monde entier.

Trente ans après, que constate-t-on ? Les réglementations des professions réglementées se sont assouplies tout en conservant leurs valeurs fondamentales : « compétence, indépendance et intégrité, sauvegarde de l’intérêt général ». Par ordonnance, Monsieur Macron, devenu Président de la République a créé le « Conseil supérieur des professions de conseil aux entreprises et aux particuliers », constitué des Ordres des professions du droit, du chiffre et du conseil. Cela a permis aux professionnels de constituer des cabinets ou des groupes pluridisciplinaires regroupant tout ou partie des spécialités : juridique, fiscal, social, comptable, audit, consultant, informatique, organisation, gestion, évaluation, relations humaines, communication, assurance… Pour cela tous les codes de déontologie ont été harmonisés et les règles du secret professionnel adaptées.

Les cabinets sont également devenus des pôles numériques proposant à leurs clients de véritables centres de traitement de l’information et réalisant ainsi une interface directe entre les entreprises ou les citoyens et les administrations, qu’elles soient publiques ou privées. Ils assurent également la fiabilité des informations fournies du fait de leur statut de tiers de confiance et en assument la responsabilité.

Les collaborateurs des cabinets sont devenus des hyper-spécialistes de leur discipline et travaillent en équipe afin de répondre aux besoins de leurs clients. Ils sont nomades et, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, sont directement connectés à la plateforme informatique de leur cabinet ou de leur réseau. Beaucoup ont choisi un statut de non salarié et peuvent travailler pour plusieurs organisations, grandes ou petites, au sein de groupements ou de réseaux qui mettent en commun des moyens techniques et financiers à la disposition de leurs membres. Les besoins sont immenses car l’Union européenne s’est enfin structurée en fédération et les pays qui la composent sont devenus solidaires.

Cependant, les législations applicables ne sont pas encore totalementharmonisées et les langues utilisées dans chaque pays restent les langues nationales. Il faut donc convertir l’ensemble des informations en un langage européen universel, car les entreprises, y compris les PME, exercent leurs activités dans plusieurs pays de l’Union ainsi que dans des pays tiers.

La présidente de l’ « Ordre des experts-conseils » rappelle pour terminer son intervention que les évolutions ne sont pas achevées et qu’il revient à la profession des « experts-conseils » d’accompagner les entreprises dans les mutations et de relever le défi de la seconde moitié du 21e siècle.

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