Antoine-Jean Giuseppi (Président du Conseil régional de l'Ordre des experts-comptables de Corse) : "J'ai confiance dans la profession, j'ai confiance dans les experts-comptables de Corse".

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Antoine-Jean Giuseppi, Président du Conseil régional de l'Ordre des experts-comptables de CorseInterview de Antoine-Jean Giuseppi, Président du Conseil régional de l'Ordre des experts-comptables de Corse.

Comment êtes-vous devenu expert-comptable ?

Après un BTS Comptabilité et gestion d'entreprise, j'ai intégré un cabinet comptable à Nice. Mon employeur m'a rapidement mis en contact, à ses côtés, avec ses clients. C'est à ce moment-là que j'ai décidé de continuer dans la profession car elle me semblait posséder un large éventail de travaux passionnants. J'ai alors suivi des cours du soir par correspondance du Cnam pour passer mes examens. De retour au pays, j'ai eu comme maître de stage Bernard Meudec dont je cite le nom car il l'a été aussi pour une bonne dizaine d'experts-comptables, sur la centaine qui exercent actuellement en Corse. En 1972, je "visse ma plaque" et ouvre mon cabinet en libéral. De petite taille, car j'ai tout de suite pensé qu'une bonne forme d'exercice est d'être le plus proche possible de l'entrereneur, directement à ses côtés, afin de mieux l'aider à développer son entreprise.

Quel a été votre parcours dans les instances de la profession ?

Il y a une vingtaine d'années, à la faveur d'une invitation à une soirée syndicale, à Ajaccio, de mon premier employeur corse, Vincent Pozzo di Borgo, j'étais assis par hasard à la table de Jacques Rocca Serra (1) et Frédéric Rogier (2). Quelque temps après, Jacques m'a demandé de le rejoindre au Conseil régional de l'Ordre Marseille Provence-Alpes-Côte d'azur Corse. Désigné par des confrères pour les représenter sur une liste syndicale, j'ai été élu vice-président et délégué syndical pour la Corse. A commencé alors une longue et enrichissante aventure où j'ai tenté de mieux faire connaître les instances en Corse et "d'apporter ma pierre" à la région Pacac, notamment en participant à plusieurs commissions - ce que j'ai continué à faire ensuite comme élu du Conseil supérieur à la commission Administration et Finances pendant deux ans (je suis aujourd'hui membre de la Coordination régionale). Dans le même temps, avec l'aide de plusieurs confrères, dont Marie-Dominique Cavalli et Jean-Pierre Fabiani, nous avons obtenu la mise en place de la "Chambre des experts-comptables de Corse" sous l'autorité du Conseil régional de Pacac. L'autonomie accordée nous a rapidement paru insuffisante et nous avons donc multiplié les démarches pour pouvoir créer un véritable Conseil régional, concrétisé par décret en avril 2012. J'en ai été élu président.

Mettre en place un Conseil régional, cela n'a pas dû être facile...

Il est vrai que j'ai été un peu surpris de me rendre compte que, même après 15 ans de vie ordinale, je n'avais pas complètement conscience de l'importante quantité de travail nécessaire au bon fonctionnement d'un Conseil régional, notamment en matière régalienne. Avec les cinq autres élus, notre priorité a été de sécuriser ce nouveau Conseil. Avec beaucoup de prudence et afin de constituer rapidement des fonds propres, nous avons géré les finances par une approche d'utilité et de nécessité de la dépense. Grâce à la mobilisation de nos deux permanentes, le Conseil a rapidement pu fonctionner "normalement". L'IRF, présidé par Marie-Dominique Cavalli, les équipes, celle du Contrôle du stage animée par Marie-Josée Casanova, celle du Contrôle qualité animée par Marie-Hélène Ohanian, ainsi que plusieurs autres commissions ont tout de suite été performantes.

Quels sont vos objectifs de mandature ?

La création de ce Conseil régional est une chance pour la profession en Corse. Maintenant que l'institution est quasiment stabilisée, notre objectif est d'être encore plus réactifs et efficaces sur deux niveaux. D'une part, nous voulons répondre aux attentes des confrères via un service de proximité. Nous voulons aller vers la modernité et les accompagner, en synergie avec le Conseil supérieur, sur l'utilisation des outils créées, notamment en mettant en place une commission régionale managériale (sans doute la première en France). Dans l'intérêt de la profession et de l'économie, nous devons assurer notre exercice dans le respect de la déonotologie, lutter contre sa pratique illégale et veiller à ce que les travaux sous-traités soient maîtrisés et supervisés dans leur intégralité. Enfin, nous aimerions augmenter la pénétration de la profession dans les marchés des particuliers et des secteurs agricole et public.
D'autre part, nous voulons faire rayonner la marque expert-comptable et augmenter la reconnaissance du rôle de la profession afin qu'elle devienne un acteur économique incontournable. Pour cela, nous devons renforcer nos relations et notre représentation auprès de l'ensemble des acteurs de notre environnement, notamment en prenant encore plus part aux manifestations locales. Forts de nos fondamentaux - déontologie, règles et normes professionnelles, formation et contrôle de qualité - nous devons affirmer comme tiers de confiance envers les pouvoirs publics.
Notre Conseil agit aussi au niveau national avec deux de nos élus présents au Conseil supérieur et en facilitant la participation de plusieurs confrères à des commissions nationales. C'est dans cette perspective que nous allons prochainement embaucher un nouveau permanent et intégrer de nouveaux locaux.

Souhaitez-vous mettre en avant certaines actions réalisées ?

Deux manifestations me viennent à l'esprit : la Journée de l'expert-comptable au cours de laquelle se tiennent les assemblées générales du Conseil régional et de l'IRF, ainsi que le moment solennele de la prestation de serment (nous avons d'ailleurs eu le grand plaisir et honneur d'avoir à nos côtés le Président Zorgniotti lors de nos deux premières assemblées), et la présentation des lois de finances à Bastia et Ajaccio, organisée en partenariat avec la DGFiP et les CCI.

Le contexte économique est difficile aussi en Corse. Quel rôle doit selon vous jouer l'expert-comptable auprès des entreprises ?

Il est vrai que les chiffres d'affaires sont souvent en baisse et les trésoreries en flux tendus - et les 20 jours de grève dans le transport maritime n'auront pas arrangé notre début de saison estivale ! Mais c'est là que le rôle de conseil de l'expert-comptable trouve pleinement son application. Pour sauver l'entreprise, il doit accompagner son dirigeant, le rapprocher des banques, lui trouver des contacts, l'aider à gérer les problèmes financiers qui peuvent allers jusqu'à la cessation d'activité... Son rôle est primordial et sa proximité régulière absolument nécessaire.

Que diriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans l'expertise comptable ?

S'il aime un minimum les chiffres, il découvrira un métier passionnant et plutôt rémunérateur ! les domaines sont variés et on peut exercer de manière différente, en libéral, individuel (même si constituer une clientèle n'est pas facile et demande un peu de patience, par exemple en intégrant une structure existante), associé et aussi salarié d'entreprise. En cabinet, une fois stabilisé, il devient possible de participer à la vie d'un syndicat ou d'un Conseil régional, cela est très enrichissant ! A travers tous les chefs d'entreprise que nous aidons, nous sommes au coeur de l'activité économique régionale et nationale. Devenir expert-comptable, c'est devenir utile à sa région.

(1) Président de l'Ordre Marseille Pacac en 1999 puis vice-président du Conseil supérieur
(2) Président de l'Ordre Marseille Pacac en 1997 puis président de la Fédération ECF

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