Charles-René Tandé : "Nous voulons une interprofessionnalité réelle et complète."

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charles-rene-tande2Interview de Charles-René Tandé, Président, de l'IFEC, à l'occasion de l'ouverture du 70ème congrès de l’Ordre des experts-comptables.

Vous avez exprimé votre déception à propos de la loi Macron. Maintenant le texte promulgué, quelles sont les propositions de l'IFEC à ce sujet ?

Les propositions de l’IFEC ont toujours été les mêmes avant, pendant et après la loi Macron : nous voulons une interprofessionnalité réelle et complète, c’est-à-dire avec les commissaires aux comptes, nous voulons une symétrie avec les professions juridiques pour ce qui est de l’ouverture du capital…Il va falloir également revenir sur les honoraires au succès et faire de la pédagogie sur ce point auprès des pouvoirs publics. Maintenant, nous sommes conscients à l’IFEC que ce ne sera pas pour cette fois et l’urgence est de s’assurer que les ordonnances en cours de rédaction ne vont pas amoindrir encore la portée du texte.

L'« expert-comptable numérique » est le thème du 70e Congrès de l'Ordre des experts-comptables. Estimez-vous que la profession a pleinement pris le virage de la numérisation ?

Cela fait déjà de nombreuses années que les professions du chiffre sont transformées de façon considérable par les évolutions technologiques. Le virage est certainement plus brutal cette fois-ci et nous sommes en plein milieu de ce virage. Si certains ont peut-être encore un peu de retard, il est encore possible de le rattraper. L’IFEC est là pour aider ceux qui se sentiraient désemparés et certains confrères, plus avancés que d’autres, donnent beaucoup de temps et d’énergie pour apporter des solutions pratiques. Le Salon Innovation et Productivité que nous organisons chaque année en est une illustration.

Plus globalement, pensez-vous que l'évolution de la fonction d'expert-comptable donne de plus en plus de poids à son rôle de conseil, faisant de lui de plus en plus un "expert" et de moins en moins un "comptable" ?

Il y a plus de 20 ans que l’IFEC accompagne les cabinets dans cette évolution vers le conseil mais cette transformation est longue et ce n’est pas le fait de supprimer le mot « comptable » qui y changera quoi que ce soit. L’expert-comptable est identifié comme le conseil numéro 1 des TPE-PME parce qu’il a su toujours évoluer sans renier ses valeurs et sa déontologie qui fondent ce lien de confiance unique. Donc oui, nous devons continuer à aller vers plus de conseil, vers plus de valeur ajoutée, et le numérique nous y aidera, mais nous devons rester fidèles à ce que nous sommes.

En quelques mots, êtes-vous satisfait des propositions du rapport sur le fonctionnement du régime social des indépendants (RSI) remis le 21 septembre au Premier ministre ?

Je tiens à saluer particulièrement le travail des députés Bulteau et Verdier qui ont repris à leur compte certaines propositions que nous défendions depuis plusieurs années. L’expérimentation qui devrait être menée sur l’auto-déclaration me paraît, à ce titre, une excellente initiative.

Je suis également heureux qu’aucun rapport ne reprenne la fausse-bonne idée d’une fusion RSI/URSSAF ou RSI/MSA qui avait été évoquée avant l’été.

Il est plus que jamais important de jouer la carte de la proximité pour mettre un terme aux dysfonctionnements qui ternissent l’image d’un régime pourtant adapté aux besoins des indépendants.

Nous souhaitons que les réformes à venir, qui vont dans le bon sens, soient réalisées dans un esprit de simplification administrative tant pour les entrepreneurs que, lorsqu’ils en ont, pour leurs experts comptables.

 

Propos recueillis par Pascale Breton

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