Charles-René Tandé : "Notre institution a le devoir de se faire entendre des pouvoirs publics dès lors qu’une difficulté se présente et nuit au bon exercice de la profession."

Interviews
Outils
TAILLE DU TEXTE

charle-rene-tande3Charles-René Tandé, 56 ans, a été président de l'Anecs et de l'Unecs. Il a présidé le Conseil régional de l’ordre d’Alsace entre 2002 et 2006 et a été membre du Conseil supérieur de l’ordre. Depuis 2013 il présidait le syndicat IFEC après en avoir été le vice-président.

Vous venez d’être élu à la présidence du Conseil supérieur de l’ordre, comment abordez-vous ce nouveau challenge ?

Avec enthousiasme et détermination, je peux vous assurer de toute mon énergie pour servir l’intérêt général, celui de notre profession et celui de notre économie.

Notre profession est diverse, en répondant à un marché lui-même diversifié. Je tiendrai compte de toutes les composantes de notre profession, et favoriserai le développement de chacun. Je serai le représentant de tous les cabinets, quelle que soit leur taille et j’œuvrerai pour que la voix des experts-comptables soit entendue. J’entends mettre à profit ce mandat pour que l’institution soit utile à tous.

Le mandat ne durera que deux ans en raison de la réforme territoriale, quelle approche en faites-vous ?

Ce mandat sera court et il nous faudra être actifs et pro-actifs pour déployer, avec toute l’équipe que j’ai l’honneur de conduire, le programme sur lequel nous avons été élus, celui de la “croissance ensemble”. Nous aurons besoin de l’énergie de tous, élus et permanents, pour mener à bien les projets engagés et futurs et pour impulser le changement nécessaire à la croissance de nos cabinets, de notre profession dans son ensemble et participer à celle de notre économie. Je souhaite que nous avancions rapidement sur la question des spécialités notamment (modification de nos textes, formations qualifiantes…) car il s’agit, à mon sens, d’une solution qui permettra à tous les cabinets, et particulièrement les plus petits, de tirer leur épingle du jeu dans le domaine du conseil.

Comment cela se traduira-t-il sur le terrain ?

Je pars d’un constat simple. D’un côté, le chiffre d’affaires de certains cabinets a stagné voire diminué en raison de la baisse de la valeur accordée par le marché à la comptabilité. D’un autre côté, les entreprises françaises et leurs dirigeants souffrent d’un manque d’accompagnement que nous pouvons leur apporter dans des domaines aussi divers que les systèmes d’information, la gestion du risque ou plus largement leur stratégie globale.
De la conjugaison de ces deux éléments résulte une opportunité pour notre profession d’investir le champ du conseil en direction des TPE et PME. Le marché global du conseil est estimé à 80 milliards d’euros. Nos compétences et notre positionnement auprès des entreprises sont des atouts qui doivent nous permettre de nous positionner sur ce marché. Il nous faut donc être pragmatiques et partir à la conquête ou reconquête de parts de marché.
Nous lèverons également les blocages à la communication sur nos compétences et nos spécialités pour ne plus être considérés seulement comme des généralistes. Nous travaillerons, par conséquent, avec les universités et les écoles de commerce pour construire des formations qualifiantes complémentaires et adaptées afin de faire évoluer les profils de nos collaborateurs et attirer de nouveaux talents sur les missions auprès des entreprises.
Enfin, notre congrès sera consacré au conseil et nous offrira l’opportunité de renforcer notre expertise et notre savoir-faire auprès des entreprises mais aussi d’accompagner les cabinets d’expertise comptable à conduire leur mutation.
Nous aurons la possibilité d’actualiser nos connaissances, d’identifier les besoins et attentes futurs de nos clients et ainsi affirmer notre rôle de premier conseil des chefs d’entreprise.

Quels sont les points que vous souhaiteriez améliorer dans l’action du Conseil supérieur auprès de la profession ?

Je ne peux, en tant que représentant de l’Ordre, accepter de voir la pression sur les experts-comptables augmenter au rythme des réformes ou des obligations nouvelles.
Nous discuterons donc en amont des projets de texte qui impacteront la profession mais aussi les TPE-PME. Je m’engage à réaliser tout le travail possible pour convaincre les politiques à aller dans un sens favorable à la croissance de notre économie. Si notre économie, et donc nos clients, se portent bien, nos cabinets se porteront bien. Le respect de la loi doit prévaloir une fois les lois votées, mais cela ne signifie pas qu’il est impossible de les aménager en amont dans l’intérêt de tous.
L’institution aura à cœur d’exercer sa fonction d’influence auprès des pouvoirs publics durant les deux années à venir. A cet effet, nous mettrons en place un lobbying concerté - Ordre/Compagnie/Syndicats pour défendre et construire l’avenir de notre profession mais aussi pour parler d’une seule voix.
En parallèle, nous proposons une nouvelle organisation du Conseil supérieur afin de mieux répondre aux défis de demain mais surtout de mieux servir les experts-comptables et leurs cabinets. Je vous invite à la découvrir dans ce numéro.

Quels sont les premiers dossiers que vous avez déjà pris en main ?

Dès ma prise de fonction, j’ai attiré l’attention de notre ministre de tutelle, Michel Sapin, sur les difficultés rencontrées sur le terrain par les consœurs et les confrères, dans le cadre de la mise en place de la DSN. De même, le Conseil supérieur s’est mobilisé pour demander à la mission interministérielle une action d’urgence auprès des organismes conventionnés qui exigent l’obtention d’une DUCS en plus de la DSN Phase 3.
Nous avons également mis en œuvre des actions auprès des pouvoirs publics pour faire le point sur l’Examen Périodique de Sincérité - EPS - pratiqué par les organismes de gestion agréés dont la mise en œuvre pose de nombreuses questions.
Notre institution a le devoir de se faire entendre des pouvoirs publics dès lors qu’une difficulté se présente et nuit au bon exercice de la profession.

Les Annuaires du Monde du Chiffre