Olivier Salustro : « Nous, commissaires aux comptes, avons toute notre utilité dans le tissu économique français »

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olivier-salustro-itwLe nouveau Président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes (CRCC) de Paris Olivier Salustro, qui succède à Jean-Luc Flabeau, a accepté de répondre aux questions du Monde du Chiffre.

Quel est votre sentiment sur votre élection à la présidence de la CRCC de Paris ?

J’ai été très honoré de la confiance que m’ont accordée mes consœurs et mes confrères.

Dès le moment où j’ai été investi, j’ai senti le poids des responsabilités dans le contexte actuel, un contexte lié à la réforme européenne de l’audit mais également à un nouveau gouvernement dont l’une des priorités est la simplification, ce qui est susceptible de constituer quelques défis pour notre profession.

Précisément, quel est votre point de vue sur cette question centrale qu'est la réforme européenne de l’audit ?

Cette réforme conduit à une régulation déséquilibrée puisque les professionnels en sont peu ou prou écartés. Or, je crois indispensable pour favoriser la confiance et l’esprit de responsabilité, d’associer pleinement les professionnels à la régulation de leur métier.

Parallèlement, de nouvelles contraintes viennent peser sur l’activité des cabinets, parfois de manière disproportionnée. L’équipe d’élus de la CRCC de Paris, très proactive sur le sujet, s’efforce d’apporter des clés d’adaptation aux cabinets ayant peu de mandats. En effet, de nouvelles procédures ont fait leur apparition dans le Code de commerce, obligeant les professionnels exerçant dans les petites et moyennes structures à repenser leur organisation. Parmi les solutions concrètes que nous envisageons de mettre en œuvre, une plateforme de mise en relation entre commissaires aux comptes verra prochainement le jour afin de les aider à se conformer à l’obligation de mettre en place un système de contrôle qualité interne.

Enfin, à la suite de cette réforme, le sujet des seuils d’audit refait surface. Nous avons les moyens de démontrer que, nous, commissaires aux comptes, avons toute notre utilité dans le tissu économique français qui est particulier, avec beaucoup de PME et de très petites entreprises. Le maintien de l’audit dans ces structures de petite taille a beaucoup de sens selon nous, pour des raisons de sécurité du tissu économique, de sécurité du monde bancaire, etc.

Donc, il importe que les pouvoirs publics ne cèdent pas à la tentation de réserver le commissariat aux comptes aux grandes entreprises, c’est-à-dire aux EIP. A nous par ailleurs de montrer que nous sommes capables de proportionner nos travaux en fonction du contexte ou des clients auxquels nous nous adressons. Il y a donc une question qui doit être résolue, à savoir celle de la proportionnalité de l’audit.

Quels seront les grands axes de votre mandature à la présidence de la CRCC de Paris ?

Je m’inscris dans le prolongement des axes développés par Jean-Luc Flabeau, mon prédécesseur. 

Premier axe : accompagner nos consœurs et confrères en leur offrant des services de proximité divers et variés, par exemple une hotline juridique pour leur permettre de résoudre des questions juridiques et déontologiques. Nous souhaitons également accompagner nos consœurs et confrères pour leur permettre d’utiliser pleinement, dans leurs démarches d’audit, les opportunités offertes par le numérique. Nous venons à ce sujet de publier un guide sur l’audit informatique.

Deuxième axe : maintenir et développer notre ouverture au monde socio-économique, nous faire connaître de toutes les parties prenantes et « prêcher la bonne parole » pour les commissaires aux comptes, en expliquant leur utilité et leur valeur ajoutée. Il s’agit de communiquer et en même temps, de bien comprendre les attentes de notre environnement et de nos clients.

Et troisième axe : l’attractivité vis-à-vis des jeunes. Il est difficile de recruter dans un environnement de pénurie des compétences. Nous devons donc nous battre pour montrer que notre profession est attractive, qu’elle permet une progression rapide et qu’elle a du sens. Il convient de rassurer les jeunes sur l’existence d’une carrière possible et intéressante dans nos métiers.

Et au-delà de ces trois axes, il importe de surveiller les questions aiguës, en premier lieu les conséquences de la réforme européenne de l’audit, par exemple la gestion du contrôle qualité qui est aujourd’hui plus complexe qu’auparavant.

Propos recueillis par Hugues Robert

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