Critères ESG : moteur de croissance pour les entreprises

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Une tribune de Frédéric Portal, Solution Marketing Director, EMEA Financials chez Workday.

La pandémie a mis un coup de projecteur sur les enjeux afférents aux critères ESG. Selon le rapport de PwC des Priorités 2021 du Directeur financier, 85 % des directeurs financiers estiment que la crise sanitaire a accéléré l'intégration des enjeux ESG dans la stratégie d'entreprise.

Aujourd'hui, ce sont 60 % des directeurs financiers de grands groupes qui ont initié un projet dédié à la mise en œuvre du règlement Taxonomie verte. Si les résultats de l'étude « Comment la crise sanitaire transforme l'organisation du travail » de Michael Page prouve la prise de conscience post-pandémie des entreprises sur les enjeux sociétaux et environnementaux, ces dernières ne doivent pas oublier qu'au-delà d'un devoir éthique, le déploiement de politique ESG est désormais un véritable facteur différenciant tant auprès des clients que des talents et des investisseurs.

De plus, ces dernières années, la réglementation envers les entreprises et les investisseurs en matière d'ESG s'est faite de plus en plus pressante. Si traditionnellement cet environnement réglementaire a longtemps été perçu comme un frein au développement économique des entreprises, les récents bouleversements sociétaux et environnementaux ont fait de l'ESG un enjeu, non plus de communication, mais de durabilité de l'entreprise.

La responsabilité des entreprises dans le radar de ses parties prenantes

En 1970, Milton Friedman, célèbre économiste libéraliste, publiait dans le New York Times une tribune qui allait marquer son temps : The Social Responsibility of Business is to Increase Profit. L'économiste y invitait les entreprises à se concentrer sur deux objectifs : faire de l'argent et satisfaire leurs actionnaires. Aujourd'hui, la donne a changé. Les entreprises ont pris conscience qu'elles évoluent dans une relation d'interdépendance avec la société. En d'autres termes : la santé d'un acteur économique dépend de celle de son écosystème, et réciproquement.

Evidemment, cela ne signifie pas que l'idée d'agir dans l'intérêt des actionnaires est révolue. Simplement, les entreprises doivent concilier la quête de profit avec les enjeux ESG. Par ailleurs, la pression sur les entreprises ne cesse de croître et l'examen des critères ESG est de plus en plus minutieux. Celle-ci se traduit par de nouvelles normes, comme celles récemment proposées par la SEC (Securities and Exchange Commission) aux Etats-Unis ou le Groupe consultatif pour l'information financière (EFRAG) en Union européenne. En effet, depuis mai 2021, les entreprises européennes sont dans l'obligation de fournir un rapport sur leurs données environnementales, sociales et de gouvernance.

Si jusque-ici les questions ESG étaient surtout abordées pour répondre à des enjeux de communication, elles sont devenues cruciales du point de vue financier. Selon une étude publiée en 2021 par Gartner, seuls 16 % des investisseurs tenaient compte des facteurs ESG dans leurs décisions d'investissement en 2009. Dix ans plus tard, ce chiffre atteint plus de 85 %. Cependant, l'intérêt financier ne se limite pas qu'à l'attraction des investisseurs. Rappelons en effet que plus la note d'une entreprise sur ses facteurs ESG et de responsabilité sociale est élevée, plus son coût du capital, tant en termes de dette que de capitaux propres, est faible.

L'accent croissant mis sur les critères ESG augmente considérablement le risque pris par les entreprises aux politiques ESG faibles. Et à ce titre, le directeur financier a un rôle prépondérant à jouer.

Le DAF, gardien du reporting extra-financier

Un des nombreux impératifs des DAF en 2022 : préparer leur organisation à une surveillance accrue des paramètres environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de la part des investisseurs, des régulateurs et du public. Cette donnée, couplée aux nouvelles réglementations sur l'obligation d'émettre un rapport extra-financier, fait du directeur financier la pierre angulaire de la stratégie ESG de l'entreprise. En effet, lui seul a la capacité à traduire le rapport ESG en langage financier et en mesures financières. De fait, le DAF devient le « gardien du reporting extra-financier » de l'organisation, dont le rôle s'étend au-delà de la seule déclaration financière.

De plus, l'intégration de l'ESG dans la stratégie et la création de la valeur implique la définition de principes directeurs de durabilité qui orienteront les décisions d'investissement de l'entreprise. Dès lors, la fonction finance se révèle un allié de choix puisqu'elle peut incorporer les facteurs ESG dans les analyses de rentabilité, tout en quantifiant les impacts de leur stratégie de durabilité.

Il est donc essentiel que la direction financière puisse centraliser les données nécessaires à l'analyse des données ESG, mettre en place un suivi des initiatives et de la mise en œuvre du développement durable dans les processus financiers et ressources humaines ainsi que collecter des données détaillées opérationnelles locales ou étrangères.

Il y a une énorme opportunité pour les directeurs financiers d'être des leaders ESG, le directeur financier n'est pas seulement le leader financier, mais, lorsqu'il s'agit de communication et de traduction de ces résultats financiers de toute autre mesure ou KPI, le directeur financier a la perspective de leadership par défaut et la responsabilité de rendre compte aux investisseurs.

Dans une société de plus en plus éclairée et informée sur les enjeux ESG, montrer son engagement n'est plus suffisant. Sans stratégie connexe en relation avec les rapports produits, le risque d'accusations de « green ou social washing » peut nuire durablement à la réputation et l'activité des entreprises. Ainsi pour rester compétitif, s'engager ne suffit plus : il faut aussi avoir de l'impact, et être en mesure de le prouver ! Pour ce faire, le directeur financier devient un acteur majeur de la stratégie ESG de l'entreprise.

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