« L’affacturage permettra de financer l’augmentation des besoins en fonds de roulement liés à la reprise »

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Les récents chiffres publiés par l’ASF (association des sociétés financières) font état d’une baisse de près de 9 % du marché de l’affacturage en 2020. Du jamais vu pour un marché qui était jusque-là habitué à une croissance annuelle à deux chiffres. Jean Revault, Directeur de la relation client chez Factofrance, répond aux questions du Monde du Chiffre à ce sujet.

Comment expliquer la baisse de l'affacturage ?

La baisse des volumes de créances cédées en affacturage correspond à l’impact négatif de la crise sur les volumes de chiffre d'affaires de nos clients. Pour autant, le nombre d’entreprises utilisatrices n’a pas véritablement varié, seul le nombre de nouveaux clients a été moins important que les années précédentes du fait d’un moindre besoin de financement court terme, lié à l’absence de croissance. A noter que les concours bancaires court terme ont aussi connu une baisse historique d’utilisation pour les mêmes raisons.

En se tournant vers l'Etat, quelles aides les entreprises perçoivent-elles ?

Dès le début de la crise, les pouvoirs publics ont été particulièrement actifs au travers de différentes interventions :

  • report du paiement des charges sociales et fiscales ;
  • mise en place des prêts garantis par l’Etat ;
  • financement du chômage partiel ;
  • autres aides aux secteurs plus particulièrement impactés ;
  • plus récemment, garantie à 90 % des financements de commandes par l’affacturage.

Comment l'affacturage pourra-t-il jouer un rôle crucial lors de la reprise de l'activité économique ?

Après une période soutenue par les mesures publiques et l’accompagnement des banques, l’heure est venue de la reprise des paiements des charges et des remboursements d’emprunt ainsi que des choix à faire concernant le remboursement des PGE. Les difficultés avant crise ne se sont pas solutionnées, elles ont été figées grâce aux dispositifs publics et nous allons affronter de nouvelles situations, certaines entreprises se retrouvent avec des niveaux d’endettement très hauts sans être en mesure de lever de nouvelles dettes, avec des états financiers 2020 dégradés.

L’affacturage permettra de financer immédiatement l’augmentation des besoins en fonds de roulement liés à la reprise, facilitera le respect des délais fournisseurs et de ce fait, permettra de conserver la confiance de ces derniers, si importante dans un contexte d’incertitudes. Dans le cadre d’une garantie de l’Etat jusqu’à 90 % jusqu’au 30 juin 2021, les factors proposent également le financement du bon de commande. Cette offre est particulièrement intéressante pour accompagner les entreprises dans la reprise de leur activité et le financement de leur cycle d’exploitation, de production et de livraison.

Quelles sont les perspectives pour 2021 ?

Il est difficile d’établir un agenda de reprise, tant les incertitudes sont nombreuses pour la période à venir. Toutefois, nous observons une légère augmentation des besoins de trésorerie au travers des niveaux des financements sollicités par nos clients. Soit du fait d’une reprise d’activité qui se confirme ou bien du fait des effets de l’arrêt des mesures d’accompagnement, des premiers remboursements de charges fiscales et sociales ou des remboursements de PGE. Cette année devrait voir l’affacturage renouer naturellement avec la croissance des volumes, l’inconnu restant à ce stade le moment de la reprise et l’importance de celle-ci.

Propos recueillis par Emma Valet

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