Fonction finance : un dirigeant sur deux revoit son modus operandi en raison de la pandémie

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BlackLine a dévoilé les résultats d’une enquête internationale menée avec le cabinet Censuswide auprès de 1 300 cadres dirigeants et professionnels de la fonction finance travaillant pour des entreprises au chiffre d’affaires supérieur ou égal à 50 millions d’euros ou équivalent.

Conduite dans sept pays, cette nouvelle enquête permet d’analyser l’impact du Covid-19 sur les grandes entreprises, deux ans après avoir déjà pris le pouls des financiers sur ce sujet crucial : la fiabilité des informations comptables.

Les entreprises françaises mal préparées pour les prochains mois

43 % des répondants considèrent que leur entreprise se focalise davantage sur la planification de scénarios financiers et de tests de résistance en raison de la pandémie, tandis qu’une proportion à peu près similaire confirment que leur service comptable et financier est de plus en plus sollicité par le conseil d’administration pour apporter son aide lors de la planification de ces scénarios. Les informations financières semblent donc faire office d’enjeu crucial à l’heure où les entreprises cherchent à entrer en phase de relance et à se préparer au mieux à tous les cas de figure.

Près d’un sondé sur trois craint toutefois que son service comptable ne soit pas en mesure de fournir des données suffisamment vite pour permettre à son entreprise de s’adapter à des changements imprévisibles sur son marché. Une situation que le mélange de travail à distance et en présentiel attendu au cours des douze prochains mois pourrait encore compliquer. Près d’un quart des répondants estiment en effet que ce modèle hybride rendra la collaboration entre les membres des services comptables et financiers plus difficile et un peu plus (27 %) qu’il pourrait aboutir à des données financières moins fiables. Des chiffres inquiétants, quand on sait par exemple que plus d’un dirigeant tricolore sur dix admet déjà n’avoir aucune visibilité sur la planification de scénarios financiers ou de tests de résistance au sein de son organisation.

2020 vs 2018 : les dirigeants et les DAF ont de moins en moins confiance en leurs données

L’absence de visibilité nuit à la confiance envers les données utilisées dans le cadre des processus financiers. Seuls 57 % des cadres dirigeants seraient aujourd’hui totalement confiants quant à la précision de ces données les concernant, un pourcentage en baisse considérable par rapport à 2018 où ils étaient 95 % ! Dans la catégorie des professionnels de la fonction finance, plus proches du terrain, 36 % seulement leur font absolument confiance, contre 56 % en 2018. Un chiffre lui aussi en nette baisse, même si l’écart entre la perception des uns et des autres demeure important.

Pourquoi tant de méfiance ? A cette question, les répondants avancent principalement le fait que les données proviennent d’un trop grand nombre de sources (41 %), qu’une partie ou l’intégralité de leur équipe opérant en télétravail, il s’avère difficile de savoir si les employés suivent les bons processus (36 %) ou encore, ils évoquent les tableurs lourds et processus obsolètes sur lesquels ils s’appuient, qui n’offrent aucune visibilité avant la fin de chaque mois (31 %). Ces trois causes étaient déjà prédominantes en 2018. Les compétences humaines semblent plus que jamais remises en question, tandis que la réalité des autres difficultés persiste de toute évidence.

« Outre des effets importants sur la santé et le bien-être des individus, le Covid-19 continue d’avoir un impact considérable sur les activités des organisations du monde entier. Tandis que la situation continue d’évoluer, les entreprises doivent revoir et transformer leurs modes de fonctionnement pour assurer une planification minutieuse et anticiper les différents scénarios possibles. Pour ce faire, il est impératif qu’elles puissent s’appuyer sur des données précises et complètes pour prendre des décisions rapides et intelligentes. Celles qui y parviendront seront en bonne position pour survivre, ou même prospérer dans les mois à venir » déclare Lucie Bordelais, VP régionale EMEA de BlackLine.

La pandémie de coronavirus, détonateur de la modernisation des fonctions financières ?

La crise du coronavirus a donné un nouvel élan aux projets de transformation numérique et aux investissements dans les nouvelles technologies. Plus d’un tiers des personnes interrogées estiment que l’évolution de la situation au cours des douze derniers mois a poussé les employés de leur entreprise à accorder davantage d’importance aux données financières ainsi qu’à leur accès, 29 % d’entre elles pensent qu’il est désormais plus urgent que jamais de revoir leurs processus stratégiques. 28 % ont pour leur part sauté le pas et investi davantage dans les technologies d’automatisation telles que la robotique et le machine learning.

Pour ce qui est des bonnes pratiques pouvant aider leur entreprise à rester compétitive au cours des douze prochains mois, les répondants pensent que les technologies permettant de mieux gérer et d’obtenir davantage de visibilité sur les données financières ont un rôle crucial à jouer. Plus de quatre professionnels sur dix sont confiants quant au fait qu’investir dans les capacités analytiques contribuera à faire garder à leur organisation un ascendant sur la concurrence. Un pourcentage pratiquement équivalent d’individus envisagent de déployer des solutions d’automatisation dans le but d’accroître la précision et la fiabilité des données financières.

« Notre enquête suggère que les dirigeants d’entreprise sont conscients de l’importance d’avoir accès à des informations financières précises et sont prêts à agir en vue de garantir celles-ci à leur organisation » ajoute Lucie Bordelais.

Fabrication des données financières : dans les coulisses de la prise de décision

La multiplicité des sources de données et le processus de collecte et de traitement de ces données sont les deux principaux éléments mis en cause par les sondés qui concèdent un manque de confiance envers l’exactitude de leurs informations comptables. Suivent les compétences des personnes qui les ont saisies et l’erreur humaine, tandis que 14 % pointent du doigt l’absence de contrôles automatisés ou de technologies dans le cadre de ces tâches.

Quelles que soient les causes, les conséquences de ces résultats erronés peuvent être multiples, tant au niveau interne qu’externe à l’entreprise. Près de sept personnes interrogées sur dix pensent ainsi qu’eux-mêmes ou leur directeur général ou financier a déjà pris des décisions importantes sur la base de données financières obsolètes ou incorrectes. Mais ce n’est pas tout : 41 % des sondés estiment que la non identification d’erreurs avant le reporting risque de leur faire perdre beaucoup de temps à régulariser et republier les comptes, 33 % que cela pourrait nuire à leur réputation auprès des investisseurs, 27 % que cela pourrait entraîner des dettes conséquentes et 23 % que cela risque de conduire à des ennuis avec la justice, pouvant aboutir à des amendes ou des peines de prison.

« Il est intéressant de constater la différence dans le niveau de confiance dans les chiffres entre les directeurs financiers d’une part et les responsables comptables par ailleurs. Cette étude met en évidence un réel manque de visibilité des directions financières de certains groupes sur le détail des chiffres et de leur processus de production » commente Lucie Bordelais.