Sophie Salomé : "garder un minimum de flexibilité"

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sophie-salomeInterview de Sophie Salomé, associée responsable de l'activité expertise comptable.

Pouvez-vous nous présenter rapidement votre activité et le type d’entreprises que vous accompagnez dans le secteur du prêt-à-porter ?

Je suis responsable de l’activité expertise comptable pour un grand cabinet international. Nous avons une quinzaine de bureaux en région qui développent cette activité, en plus de notre site de Paris, qui compte plus de 200 collaborateurs. Dans le domaine du prêt-à-porter, nos clients sont de grandes chaînes internationales, qui se déploient sur le territoire français. Nous les accompagnons dans la mise en conformité par rapport à la réglementation française, ou en cas de contrôle fiscal ou social. Nous faisons aussi beaucoup de veille fiscale, pour les conseiller au mieux en fonction des nombreuses évolutions.

Quelles sont les spécificités comptables du secteur du prêt-à-porter ? 

Tout d’abord la date d’arrêté comptable, fixée à la fin janvier, et non pas au 31 décembre, afin de clôturer après les soldes. Il faut aussi savoir que dans le secteur du prêt-à-porter, la reconnaissance du chiffre d’affaires se faire grâce aux tickets Z qui récapitulent l’ensemble des transactions réalisées en une journée. Le fichier des écritures comptables (FEC) a donc été très complexe à mettre en place et a supposé de revoir complètement les organisations. Pour beaucoup d’acteurs, une autre spécificité est l’importance du poste des immobilisations dans la comptabilité. Il est essentiel d’en tenir compte dans la définition de la stratégie de développement. Cela peut passer par exemple par la négociation de franchises de loyer, quand une boutique doit subir de gros travaux. Pour les marques internationales que nous accompagnons, il y a aussi une problématique de conversion par rapport aux autres entités basées à l’étranger, et dont la comptabilité est gérée par des centres de services partagés. Sans parler de la refacturation interne pour les frais de merchandising : en effet, l’agencement des boutiques est pensé par la maison-mère et doit être le même dans tous les pays du monde. Le coût en est refacturé à chaque pays, et il faut pouvoir justifier ces dépenses spécifiques dans la comptabilité.

Quelles évolutions avez-vous pu constater ces dernières années ?

A cause de l’impact des soldes en continu, on constate une forte érosion de la marge. Cela suppose d’être plus regardant et d’optimiser au maximum l’organisation pour rattraper ces pertes. Depuis peu, on note aussi l’arrivée de nouveaux gros acteurs, très innovants et créatifs, qui bouleversent le paysage francilien et marginalisent les acteurs historiques.

Quels conseils donnez-vous à vos clients pour rester compétitifs dans ces conditions ? 

Il est important de garder un maximum de flexibilité. Pour revenir sur la problématique des coûts immobiliers, qui pèsent parfois très lourds dans la balance, il faut par exemple faire attention à ne pas s’embarquer dans des contrats très contraignants, impossibles à casser, quand on se rend compte que l’emplacement choisi pour une boutique n’est pas le bon. Il vaut mieux parfois payer plus cher, sur une période plus courte, que de se retrouver à payer pendant des années le loyer d’une boutique pas rentable. Il faut également veiller à ne pas sous-estimer le renforcement des obligations françaises. C’est pour cela que les marques internationales sont souvent contentes d’être accompagnées par un expert-comptable français, qui les aide à se repérer et à mettre en place les bons process.

A propos

francilien-90Cet article provient du numéro 90 du Francilien, la revue des experts-comptables région Paris Ile-de-France. 

 






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